plaque-boucle figurant Daniel dans la fosse aux lions ; provenance : Renève. Musée archéologique de Dijon © F. Perrodin

Parmi les plaques-boucles mérovingiennes, certaines portent des motifs à caractère chrétien dont l’intérêt peut être grand pour la connaissance des mentalités religieuses.

Parmi les objets qu’ont livrés les fouilles de cimetières d’époque mérovingienne (c’est-à-dire de la période du VIe au milieu du VIIIe siècle), figurent en bonne place les plaques-boucles. Celles-ci se caractérisent par la présence d’une plaque qui s’articule avec la boucle et se fixe à la ceinture. Si beaucoup n’ont qu’un rôle purement décoratif - c’est le cas, en particulier, de la plupart des pièces en fer, damasquiné ou non -, certaines portent des motifs à caractère chrétien dont l’intérêt peut être grand pour la connaissance des mentalités religieuses, en cette époque où le christianisme doit composer avec bien des traditions païennes et des superstitions, notamment dans les campagnes.

De telles plaques-boucles paraissent avoir été fabriquées dans la plupart des régions de la Gaule mérovingienne, des différences dans la forme et l’iconographie des plaques conduisant à distinguer des « styles » régionaux. C’est ainsi que le Bassin parisien a produit des pièces en alliage de cuivre à plaque ronde ornée du visage du Christ. Mais la série la plus remarquable, à plaque rectangulaire, provient pour l‘essentiel d’un territoire qui couvre la Bourgogne, la Franche-Comté, la Suisse occidentale et le nord de la région Rhône-Alpes. Ce territoire correspond en gros au nord de l’ancien royaume des Burgondes, ce qui a conduit certains chercheurs à les qualifier de plaques-boucles burgondes, ce qui n’est pas exact. En fait, on sait maintenant que l’on a affaire à des productions de tradition gallo-romaine, qui, outre les régions précédemment citées, ont vraisemblablement été également produites dans le sud de la Gaule resté très romanisé.

Dans la typologie établie par les archéologues suisses, elles sont désignées sous l’appellation de plaques-boucles de « type D ». Il s’agit pour la plupart de plaques en alliage de cuivre, mais on en connaît également quelques-unes en os. La fragilité de ce matériau explique la rareté des découvertes de ce type de plaques-boucles, par ailleurs parfois réduites aujourd’hui à des fragments.
Les décors sont de même inspiration, quel que soit le matériau. Il s’agit parfois de figurations de la croix ou du chrisme, isolées ou accostées de personnages et/ou d’animaux monstrueux symétriquement disposés, dont l’interprétation donne lieu à des discussions entre les spécialistes. On rencontre également - c’est le type le plus répandu - des plaques souvent ajourées représentant un animal composite, désigné sous le nom d’hippogriffe, buvant à la coupe de Vie. Plus rares sont les scènes tirées des Ecritures : parmi elles, la représentation de Daniel dans la fosse aux lions est la plus répandue ; des scènes de la vie du Christ, des apôtres sont également figurés, de même que des personnages en prière, les deux bras levés. Quelques-unes portent une inscription latine, ce qui en accroît encore l’intérêt.

Ayant eu l’occasion de travailler à plusieurs reprises sur des objets de cette nature, nous en présentons des exemples ci-joint, tirés de ces études. A signaler également un recensement récent de ces plaques-boucles, dans le cadre de la thèse de Rachel Poulain (Les plaques-boucles de ceinture de bronze à figurations chrétiennes dans l’Est de la Gaule mérovingienne (Bourgogne, Franche-Comté, Suisse romande). Etude critique, université de Paris I, 2004, 3 vol., 916 p., fig.).

Requirements

Toute information concernant l’existence de telles pièces qui pourraient être restées inconnues des archéologues sera la bienvenue.